La mère se tient debout, non pas « dolorosa », comme dans la tradition liturgique, mais « furiosa».

Elle est là, immobile, animée d’une immense colère, seule devant le public, devant le monde auquel elle lance une adresse rageuse contre la violence, toutes les violences, et la guerre.

Elle est la femme mère universelle d’une humanité de paix, d’harmonie, de beauté et d’amour, que saccagent depuis des temps immémoriaux, encore et toujours, les bottes des guerriers, les « hommes de guerre » qui ne connaissent que haine, violence, massacres, domination et gloire. Sa parole « a le poids de la hache et le tranchant d’un silex. »

Mais elle dessine aussi, comme en un songe « dans la paix fraîche du matin », une rémission possible, un monde sans guerriers, « sans vous, malgré vous, contre vous.» où « recommencerait l’histoire.»

Paula Brunet-Sancho, sobre et intense, donne à chaque mot son poids, son importance, et les sons étonnants insérés par Christine Kotschi créent comme des respirations, ouvrent des espaces inattendus.

Le texte, écrit par J-P Siméon en 1997, lors d’un séjour au Liban en guerre, est un long et superbe poème en vers libres, musical, rythmé comme un chant. Un poème écrit pour le théâtre, puisant au cœur d’une actualité intemporelle, brûlante et noire, mais aussi mu par la force vitale qui pousse tout humain vers « des jours bleus » lumineux et paisibles.

Christian Schiaretti l’a mis en scène en 1999. Depuis, il a été monté plus de soixante fois en France, traduit en huit langues et joué dans quatorze pays.

Paula Brunet-Sancho. Formation à l’institut Théâtral Paris III et avec A. Mnouchkine, F. Rancillac… actrice au théâtre, à la télévision et au cinéma.